Le créateur freestyle

Juice WRLD (RIP) était un monstre en freestyle – il pouvait rapper pendant 1h non stop sans aucune préparation, en inventant les paroles en live.

Contrairement aux artistes perfectionnistes qui passent un temps fou à peaufiner chaque rime de chaque morceau de chaque album…

Juice enregistrait sa musique de manière spontanée, en se focalisant sur l’émotion brute plutôt que la précision technique.

Même ses méga-hits étaient souvent enregistrés en une ou deux prises.

Pendant ses freestyles interminables, il lui arrivait évidemment de bafouiller, de buter sur des mots ou de sortir des rimes absurdes.

Mais l’imperfection fait partie du jeu — le public le comprend et l’accepte sans problème.

Le rappeur freestyle joue dans une ligue différente. On ne juge pas un champion d’échecs sur sa performance au poker.

Je te parle de ça parce que le même parallèle s’applique aux créateurs entrepreneurs :


👉 Le créateur studio joue sur le terrain du perfectionnisme, du contrôle de l’image et de la qualité de production.

Il s’entoure d’une équipe complète : cadreur, monteur, minamaker, rédacteur, graphiste…. pour en mettre plein la vue à l’audience et s’imposer en force dans le game.

Son business est souvent un gros paquebot lent, complexe et difficile à maneuvrer — qui génère un CA monstrueux mais avec des marges faibles.


👉 Le créateur freestyle au contraire mise sur l’authenticité, l’imperfection assumée et le partage d’idées brutes.

Il balance des vidéos moches pleines de valeur.

Il cherche l’efficience avant la croissance, préfère simplifier plutôt que déléguer, et priorise sa liberté avant les revenus.

Son business est plutôt comme un jet-ski : moins impressionnant de l’extérieur que le paquebot — mais rapide, maniable et fun.

Après avoir rencontré des centaines d’entrepreneurs, je peux te garantir que beaucoup de créateurs studio envient secrètement la liberté des créateurs freestyle.

Le créateur freestyle profite aussi d’un avantage paradoxal :

Le charisme sans effort

Le style brut et nonchalant du créateur freestyle lui procure une aura de charisme unique que le créateur studio n’aura jamais.

Quand tu racontes des choses intéressantes en négligeant volontairement la forme, tu fais passer un message implicite :

« Mon enseignement a de la valeur.

Je m’adresse à un public mature et concentré, pas à des adolescents qui cherchent leur shot de dopamine.
Je suis là pour transmettre des idées — c’est tout.

Ceux qui ont besoin d’un montage qui bouge toutes les deux secondes pour m’écouter sont libres de partir. Sélection naturelle. »

Ça, tu n’as pas besoin de le dire — ton format léger et sans prise de tête parle à ta place. Ton audience le comprend instinctivement.

Au contraire ?

Un entrepreneur qui déploie une énergie colossale pour attirer l’attention (montage ultra-dynamique, studio à 5000€, titre en majuscule, miniature colorée avec tête choquée…) paraît souvent en demande.

« Regardez moi !! Par ici ! Cliquez sur ma vidéo !!! Regardez, j’ai fait des efforts !! J’ai travaillé dur !!! Allez soyez gentil donnez moi un peu de votre attention svppp »

Bon ok je caricature

Mais c’est un paradoxe universel :

en général plus tu montres que tu fais des efforts pour recevoir de l’attention, moins on a envie de t’en donner.

et inversement plus tu sembles indifférent à recevoir de l’attention, plus tu deviens magnétique.

Les italiens ont un mot pour ça : “Sprezzatura” — l’art de dissimuler ses efforts pour se donner une aura d’aisance naturelle et nonchalante (en vrai pas obligé de dissimuler, faire moins d’efforts ça marche aussi)

Le piège de l’entre-deux

À ce stade certains vont me faire remarquer :

« Oui mais regarde Yomi Denzel il fait du contenu ultra léché et ça cartonne ».  Ok mais… tu n’es pas Yomi

La comparaison est absurde.

Justement.

C’est quasiment impossible de rivaliser avec les gros players de la création perfectionniste. Ils sont pétés de tunes et ont des équipes entières à leur service.

Le piège à éviter ?
C’est de rester bloqué entre les deux extrêmes.

D’un côté tu te crames à essayer de produire tout seul du contenu très soigné pour un résultat “correct sans plus”…

Mais en plus tu joues un rôle, tu essaies de masquer tes défauts, et tu rates la vraie connexion authentique.

Je suis passé par là. Aujourd’hui, j’ai lâché prise : je fais simple, direct, brut — 100% freestyle.

Non seulement ça marche mieux (mes nouvelles vidéos à l’arrache font 3x plus de vues) mais surtout je me suis rarement autant amusé dans mon business.

Selon moi, mieux vaut être parfaitement imparfait plutôt qu’imparfaitement parfait.

Pour être intéressant, soyez intéressé

Tu te dis peut être :

« mais moi je suis un mec/une nana random, j’ai pas le charisme d’une rockstar du contenu freestyle… »

Mais en réalité le charisme est contextuel.

Prenons l’archétype situé au sous-sol de la pyramide du charisme : le gamer hardcore qui passe ses journées à geeker sur World of Warcraft.

Dans une soirée rooftop à Marbella pleine de yes-life extravertis, le bougre serait totalement ignoré voire méprisé.

Mais dans un meetup de joueurs de WoW, notre geek asociable devient une toute autre personne.

Il reprend confiance en lui, il se lâche, et surprise : les autres joueurs l’écoutent et le respectent. (surtout s’il est balaise dans le jeu)

Même personne. Différent contexte.

Peu importe tes délires de geek à toi : l’élevage de fourmis, le retargetting google ads, la médecine ayurvédique… tu peux trouver ton public sur les réseaux.

Les algorithmes sont des machines à mettre ton contenu sous les yeux d’autres geeks qui partagent ton délire bizarre — sans aucune limite géographique.

La seule faute impardonnable, c’est d’être ennuyeux. Mais difficile de ne pas être intéressant quand tu es toi-même sincèrement intéressé.

Simple ≠ moche

J’avoue : je fais des vidéos moches.

C’est assumé.
Je m’en bat royalement les steaks.

C’est même volontaire : si je te parlais de minimalisme dans des vidéos au script millimétré et montage explosif, tu me prendrais pour un charlatan (normal)

Mais attention… tu peux parfaitement créer du contenu simple ET élégant. Minimaliste ET esthétique.

Par exemple :

Montage vidéo minimaliste (juste quelques cuts)… mais filmer avec une caméra professionnelle dans ton petit home studio bien organisé.

ou alors : utiliser TinyPages pour gérer ton site, blog, newsletters, produits… de manière toute simple et élégante.

Le minimalisme c’est juste couper le bruit pour se concentrer seulement sur l’essentiel. À toi de décider ce qui est essentiel dans ton cas spécifique (ta réponse sera différente de la mienne)

Le plaisir de créer

Le minimalisme a transformé ma vie et mon business.

Mais il y a quelque chose d’encore plus important que la simplicité : le plaisir.

Kiffer ton travail au quotidien. Transformer ton business en jeu vidéo où tu t’amuses, tu progresses et tu t’épanouis.

Quand c’est fun ? plus besoin de forcer à coup d’autodiscipline — tu bosses parce que tu veux, pas parce que tu dois.

Le minimalisme entrepreneurial, ce n’est pas (forcément) de tout réduire au strict minimum — c’est avant tout de te libérer de la complexité paralysante qui te stresse et te ralentit.

Viser l’efficience avant le profit.

Le but final c’est de gagner le plus d’argent possible tant que tu prends plaisir à créer, que tu respectes ta santé mentale et que tu aides tes clients.